il était une fois
L'attachement est une absurdité, une incitation à la douleur. Les êtres s'attachent et deviennent dépendants les uns des autres à tel point que lorsque l'un vient a partir, le monde s'écroule autour de l'autre… Ca fut mon cas. Car ELLE était toute ma vie, elle était ma raison de vivre, de respirer. J’avais à peine 19 ans quand je l’ai épousé et que j’ai construit notre demeure à la Nouvelle-Orléans, la ville ou elle était née et ou elle souhaitait rester. Pour elle j’aurais tout fait, même déménager en Chine si il aurait fallu. Je ne souhaitais que son bonheur. Et nous étions heureux. Du moins les premières années… Je ne remarquais pas directement les changements dans son comportement, à l’époque ils étaient tellement petits que je ne les voyais pas… ou du moins je ne souhaitais peut-être pas voir la réalité en face. Celle que j’aimais de tout mon être se transformait de plus en plus en quelqu’un que je n’arrivais plus à reconnaître. D’abord ca fut des crises de panique, des caprices, des colères… L’ange se transformait en démon, mais cela n’enlevait en rien l’amour que je lui portais. Mon amour était sans limite, et cela même lorsque le médecin me conseillait de l’enfermer dans un couvent. Je ne saurais pas. Elle avait des passages de lucidité, des passages ou je pouvais retrouver celle que j’aimais. Et je maudissais dieu pour ce qu’il était en train de lui faire. Je n’avais connu personne qu’elle qui était aussi genereuse et qui avait tant d’amour pour tout ceux qui l’entouraient. Pourquoi lui faire subir un tel calvaire ? Pourquoi la rendre folle ? Je n’écoutais point les médecins. J’étais persuadé qu’elle était mieux ici, près des gens qui l’aimaient. Et puis..est-ce que je n’avais pas fait le serment de l’amour sous toutes les conditions possibles ?

13 décembre… Une date que me restera à tout jamais gravé dans ma chair. Au fond j’ai toujours su que j’étais quelqu’un de colérique. Lorsque la colère m’envahissait je n’étais plus maître de moi-même. Et lorsque dans un de ses moments de folie je l’avais vu faire des beaux yeux à un des esclaves, ma patience fut brisée. Je l’ai frappé, sur quoi elle a commencé à hurler et à me frapper à mon tour. Je ne sais pas ce qui s’est passé après…. Tout a été si vite que… avant que je me rende compte, les bougies étaient tombées sur le sol, la pièce était remplit de fumée. Et ma magnifique épouse avait la robe en feu. D’un reflex je l’ai attrapé avec mes deux mains pour lui en défaire. Alors qu’elle ne semblait même pas sentir la douleur, tout ce que je me rappelle de ces derniers instants, c’était son rire. Un rire d’une folle. Pas de ma femme. Mais d’un démon. Je ne sais pas comment j’ai réussit à échapper des flammes. Probablement un domestique qui m’a tiré de là… quand je suis revenu à moi, la moitié de ma demeure était en feu et je crus même voir une ombre dansante dans les flammes. Son enterrement fut quelques jours plus tard. Mes mains restaient à aujourd’hui encore la preuve de ce tragique événement qui m’a fait sombré vers les ténèbres les plus sombres. Je porte des gants afin d’éviter qu’on observe mes mains, et aussi parce que je ne veux pas être rappeler à elle.


Ca fut le début de la fin pour moi. Je n’étais plus moi-même, je n’étais que l’ombre de mes pires cauchemars. Je ne supportais plus rien, ni même mon propre reflet dans le miroir. J’ai envoyé la seule chose qui me restait de bon dans ce monde, en Europe. Ma nièce qui était depuis quelques années sous mon aile. Je ne pouvais pas supporter ce que j’étais en train de devenir. Je sentais cette obscurité au fond de moi gagner de plus en plus. Alors je l’ai envoyé dans un internat en Europe, m’assurant qu’elle avait tout ce dont elle avait besoin. La seule petite lumière qui me restait je venais de l’envoyer sur un bateau loin de moi… Mais c’était pour son bien. Les années passent et le chagrin, l’amour m’avait complètement transformé. J’étais devenu l’homme que tout le monde détestait, mais surtout qu’on craignait. Je pouvais lever la main pour un rien. Une serviette mal mise et je pouvais faire valser toutes les chaises d’une pièce. Je bois de trop, je suis violent… Et malgré ca j’ai pas du mal à avoir des femmes dans mon lit. A croire que certaines aiment partager la couche du diable. Car au fond, c’était bien ce que j’étais devenu. Je trouvais un malin plaisir à faire souffrir les gens autour de moi. Je ne supporte pas de voir les gens heureux autour de moi. Ca me dégoutte, ca me mets hors de moi.