Alyana n’arrivait plus à trouver le sommeil. Elle dormait extrêmement mal et peu depuis qu’elle était revenue à la Nouvelle Orléans, en grande partie parce que beaucoup de choses la tracassaient. Ce matin-là, elle décida de prendre l’air et de s’éloigner de la ville, déjà bien fréquentée malgré le fait que le jour n’était toujours pas levé. Alyana se promenait sans but, perdue dans ses pensées lorsque ses yeux se posèrent sur le bayou. Elle approchait, sans s’en être rendue compte, de l’endroit maudit, banni, et reclus. Prise de curiosité, elle décida de s’y aventurer. Tout le monde semblait encore dormir dans le bayou, il ne pourrait donc pas lui arriver grand-chose à cette heure-ci. De toute façon, elle n’en était pas à sa première fois. Elle connaissait bien les lieux car elle s’y était déjà rendue quelques fois avec ses amis lorsqu’elle avait une dizaine d’années, et ce, malgré les mises en garde des adultes. Elle était certaine qu’elle retrouverait rapidement ses marques. Une petite promenade ne pourrait donc pas faire de mal. Et puis… Garret y vivait d’après ce qu’elle avait entendu dire. Elle voulait voir où habitait son ancien amour. De toute façon, lui aussi devait dormir à une heure aussi matinale. Bref, elle n’apercevrait personne mais elle trouverait peut-être des réponses à ses questions, elle avait tout à y gagner. Alyana s’aventura ainsi dans le bayou. Depuis qu’elle était revenue à la Nouvelle Orléans, elle n’avait qu’une pensée en tête : Garret. Il hantait ses pensées jours et nuits. C’était totalement ridicule car elle n’avait plus vu celui qui lui avait été promis depuis près de 16 ans et ce n’était plus du tout le même homme, d’après ce qu’elle avait entendu dire. Malgré ça, peu importe ce qu’Alyana faisait la jeune femme n’arrivait pas à effacer Garret de son esprit, même lorsqu’elle était en compagnie de son fiancé et demi-frère de Garret, Liam. Ainsi elle espérait aussi que ce petit tour dans le bayou la calmerait et qu’elle parviendrait à reprendre le contrôle de sa vie et a accepté la décision de son oncle de la fiancer à Liam Rimes. Ce qui n’était pas gagné.
Alyana se promena sans but et sans croiser personne pendant plusieurs minutes jusqu’à ce qu’elle tombe sur trois hommes, noirs, qui l’observèrent de la tête aux pieds. Elle n’était pas du tout à son aise, seule dans ce marécage. Elle commença à penser qu’elle n’aurait jamais dû s’avérer aussi imprudente et s’aventurer seule dans un tel endroit. Elle en venait même à espérer que Liam se rendrait compte de son absence et viendrait à son secours. Quelle idée ! Il était probablement encore en très de dormir et n’en avait que faire d’elle. Tout ce qui l’intéressait, c’était la beauté, l’argent et le statut d’Alyana.
Bref, dans cette situation, Aly savait qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même et se rappela d’une pièce d’eau. Un lac ? En tout cas, la jeune femme décida de poursuivre son chemin, en prenant un air sûr d’elle et de se diriger vers le lac. Elle savait nager, contrairement à de nombreux esclaves et pourraient donc échapper aux trois bandits de cette façon si ceux-ci décidaient de la suivre. Alyana se mit en route et, à son grand damne, entendit les trois esclaves en faire de même. Après quelques longues minutes qui lui parurent interminables, les bruits de pas cessèrent. Alyana était enfin seule ! Elle décida quand même de continuer sa route vers le lac. Etait-elle sur le bon chemin ? C’était quand même bizarre qu’elle ne voyait toujours rien…
Enfin, Aly aperçut le lac tant convoité… et un homme en train de se baigner. Elle décida de s’approcher pour observer ce nageur si matinal jusqu’à ce qu’elle entende un aboiement. Mince, elle n’avait pas fait attention et n’avait pas remarqué ce chien-loup. Allait-il l’attaquer ? Il appartenait probablement à l’homme… Tiraillée entre la peur de se faire attaquer par le chien et par la curiosité de voir qui se baignait aussi tôt dans son lac, Aly ne savait que faire.
« Qu’as-tu donc attraper, mon beau ? » Alyana pourrait reconnaître cette voix entre mille : Garret. Ce n’était pas possible. Pourquoi fallait-il qu’elle tombe sur lui ? Pur hasard ou bien était-ce le destin ? Qu’allait-elle pouvoir faire ? Garret était effectivement bien malvoyant, il ne l’avait pas reconnue. Elle savait que si elle ouvrait la bouche, il la reconnaitrait probablement à l’instant, lui aussi. Devait-elle fuir ? Elle mourrait d’envie de lui parler mais ce n’était pas très raisonnable. Elle posa ses yeux sur lui pour la première fois depuis 16 ans. Il était encore plus beau qu’avant, il avait l’air beaucoup plus sauvage, et cela lui allait bien. Ses yeux étaient toujours aussi bleus. Le regard d’Alyana descendit sur le torse nu de Garret, davantage musclé lui aussi, et puis sur sa main, laminée. « Ta main ! » Quelle conne ! Elle n’avait pas pu s’empêcher de communiquer son inquiétude à la vue de la main blessée de Garret. Maintenant il allait savoir que c’était elle et il était trop tard pour faire demi-tour. En plus, elle avait pris ce ton de reproches qu’elle avait l’habitude de prendre il y a 16 ans et dont seule elle avait le secret. Un mélange de reproches et de peur. C’était même presque devenu un jeu entre eux. Alea jacta est. Aly décida d’ignorer les questions de Garret. Elle en avait déjà trop dit et s’en voulait de ne pas pu avoir contenir son étonnement. Garret avait-il au moins entendu dire qu’elle était revenue au pays ? Probablement… Savait-il qu’elle était fiancée à son frère ? Finalement, ce petit tour au bayou avait éveillé plus de questions qu’elle n’en avait auparavant. Elle n’aurait vraiment pas dû venir ici ! Suicidaire, encore une fois, Garret avait trouvé le mot exact pour décrire la situation.

Alyana était étonnée que Garret ne la reconnaisse pas directement. En même temps, c’est vrai que ça devait être un peu compliqué… cela faisait 16 ans tout de même qu’il n’avait plus entendu sa voix, ils ne s’étaient pas revus depuis que Garret avait perdu la vue et elle n’avait dit que deux mots. Certes, deux mots de trop. Car cela ne prit que quelques secondes avant qu’il ne finisse tout de même par identifier la voix d’Aly. L’entendre prononcer son nom lui fit l’effet d’une douche froide car cela lui rappela énormément de souvenirs. Il fallait qu’elle se ressaisisse directement, elle ne voulait pas qu’il perçoive son trouble. « Oui Garret, c’est  bien moi. » prit-elle la peine de murmurer. Garret recula, il n’avait pas l’air de croire qu’elle se trouvait vraiment là, en face de lui. Honnêtement, Alyana avait elle aussi du mal à croire qu’elle était tombée sur lui… c’était bien sa vaine !
A l’évocation de son mariage, Alyana soupira : « Tu es au courant pour le mariage… » Bien sûr, il devait probablement se tenir au courant de ce qui se passait en ville et dans la vie de son frère mais au fond d’elle-même, Aly avait quand même l’espoir que Garret avait été laissé dans l’ignorance. Aussi arrogant qu’il l’était, Liam s’était probablement assuré que Garret apprenne la nouvelle. Il n’avait pas dû lui annoncer personnellement, non, il avait bien trop peur de s’approcher du bayou ! Et il n’aurait jamais envoyé Alyana le faire non plus car il devait bien se douter que la jeune femme éprouvait toujours des sentiments pour son frère. D’ailleurs,  Garret était un sujet totalement tabou au sein de leur couple. C’était comme s’il n’existait pas.
Garret prit son bâton et se mit à marcher pour guider Alyana hors du bayou. Cette dernière ne bougea pas d’une seule semelle. « Tu as peur qu’on nous voit ensemble ? » fit-elle ironiquement. Elle savait qu’elle n’était pas juste envers lui et qu’il voulait la protéger mais elle lui en voulait. Elle lui en voulait égoïstement énormément car pas une seconde ne passait sans qu’elle ne pense à lui et lui semblait être passé outre. En tout cas, c’était l’impression qu’il donnait. « Je n’ai pas besoin d’un chaperon pour sortir d’ici, Garret. Je pensais que tu me connaissais mieux que ça ! »
Elle regretta immédiatement ses paroles, c’était lui qui avait tous les droits de lui en vouloir, pas elle ! Mais elle souffrait et elle voulait qu’il le sache. Elle finit  par avancer à la hauteur de Garret et prit délicatement sa main blessée. Il fit un mouvement de recul, tout en laissant Alyana tenir sa main, même si cela n’avait pas l’air de lui plaire. La jeune femme se fichait éperdument de son avis ainsi que des éventuels regards qui les observaient (même s’il ne devait pas y avoir grand monde par ici, et encore moins à cette heure), car elle était inquiète. « Qu’as-tu encore fait ? Tu devrais aller voir le médecin en ville, ou quelqu’un de qualifié avant que ça ne s’infecte. Je peux regarder mais c’est profond, tu sais !» Aly avait entendu dire que Garret ne sortait plus du bayou mais elle avait du mal à croire qu’une personne telle que lui veuille passer sa vie dans ce lieu aussi… mal fréquenté, inquiétant et dangereux. La jeune femme se rendit compte qu’elle avait énormément de mal à relâcher la main de Garret. Aussi minime qu’il était, ce contact physique lui faisait un bien fou. Alyana se tut et continua d’observer Garret, elle ne voulait tout simplement pas que cet instant privilégié se termine. Si elle fermait les yeux, elle pouvait s’imaginer de retour dans le passé et cela la rendait heureuse.  Pourtant on était maintenant 16 ans plus tard et tout avait changé. Leur amour était-il impossible ? Mais surtout, Garret l’aimait-il toujours ?

Bizarrement, la remarque de Garret sur les nouvelles qu’il qualifiait de sordides fit plaisir à Alyana. Savoir que toute cette situation semblait quand même l’atteindre, ou en tout cas ne pas le laisser indifférent lui procurait un sentiment gratifiant. Se souvenait-il d’elle aussi bien qu’elle se souvenait de lui ? Et de tous leurs souvenirs communs ? Avait-il toujours son image en tête, maintenant qu’il ne pouvait plus la voir ? Alyana avait tellement envie de lui poser toutes les questions qui lui trottaient dans la tête, mais elle n’osait pas. Elle ne pouvait pas. L’entendre l’appeler Madame Liam Rimes lui fit l’effet d’une douche froide. Depuis qu’elle était jeune, elle attendait ce moment où elle pourrait enfin se faire appeler Madame Rimes, mais elle n’avait jamais imaginé qu’elle serait mariée au frère de celui qu’elle aimait. Elle réagit au quart de tour. Il fallait qu’elle mette les choses au clair et qu’ils arrêtent de jouer : « Garret, est-ce que tu penses que j’ai voulu cette situation ? Est-ce que tu penses que je suis heureuse d’épouser le frère de l’homme que j’ai toujours aimé ? Cela fait 16 ans que je suis partie et cela fait 16 ans que j’attends de revenir pour pouvoir vivre avec toi et puis je reçois une lettre d’Adam qui m’annonce que je dois épouser Liam. Tu ne crois pas que cela m’a déchiré le cœur ? Alors peut-être que toi tu m’as oubliée après toutes ces années et tant mieux pour toi, mais s’il te plaît, laisse-moi tranquille avec cette histoire de mariage. » Alyana avait terminé sa phrase la voix brisée. Au moins, Garret ne pouvait pas voir que ses yeux étaient remplis de larmes, c’était sa seule consolation. Oui, elle était toujours aussi douce et sensible qu’avant. En réalité, peu de choses avaient changé de son côté.
Aly reprit rapidement ses esprits lorsque Kane serra subitement sa main et lui demanda ce qu’elle faisait ici. Honnêtement, Alyana commençait à se demander elle-même ce qu’elle était venue faire dans ce lieu dangereux. Elle hésita à jouer cartes sur table ou bien à inventer une histoire. Elle n’avait plus trop envie d’être honnête car elle lui en avait suffisamment dit. Le cerveau d’Alyana tournait à pleine vitesse pour essayer de trouver une raison valable et crédible. En même temps, Aly savait qu’avant, Garret la connaissait par cœur et savait de suite repérer ses mensonges, rien qu’en entendant sa voix. Serait-ce toujours le cas ? Garret semblait différent, mais elle était convaincue qu’au fond de lui, il n’avait pas changé tant que ça. « Je n’arrivais plus à dormir et je me suis dit qu’une petite promenade me ferait du bien. Finalement, j’ai atterri ici sans m’en rendre compte et puis je suis tombée sur toi, absolument la dernière chose à laquelle je m’attendais. Bref, il faut croire que je ne connais plus la ville aussi bien qu’avant. » Garret tenait toujours la main de la jeune femme et Aly ne voulait toujours pas se dégager de sa poigne. Elle ne voulait pas bouger, elle ne voulait pas rentrer, elle voulait passer sa vie aux côtés de Garret, même dans cet endroit sinistre s’il le fallait. Quoique ça peut-être pas. Elle aimait trop sa petite vie de luxe. Elle avait du mal à comprendre pourquoi il avait lui-même tout abandonné pour… ça. Parce que finalement, il n’avait pas seulement abandonné toutes ses richesses et ses possessions, il avait aussi laissé derrière lui ses amis mais surtout Alyana. D’accord, c’est elle qui était partie en premier lieu sur ordre de son oncle mais dans son monde de rêves, Garret était censé l’attendre. Oui oui, elle était égoïste et surtout naïve de croire que tout allait se dérouler comme elle l’imaginait. « Garret, que fais-tu ici ? Depuis combien de temps vis-tu dans cet endroit ? Est-ce que tu vas bien ? Tu ne manques de rien ? » Elle avait tellement envie qu’il pose sa main sur son visage et dans ses cheveux comme il le faisait avant, qu’il sente qu’elle était toujours la même, qu’elle n’avait pas changé… Elle savait qu’il fallait qu’elle arrête de commencer quasi toutes ses phrases par son prénom, mais cela lui faisait du bien de le prononcer à voix haute. Ainsi, elle était sûre qu’elle ne rêvait pas.

Alyana ne voulait pas se rendre à l’évidence. Ce n’était pas du tout comme ça qu’elle envisageait sa première rencontre avec Garret depuis son retour. Elle commençait tout doucement à se rendre compte qu’il avait vraiment renoncé. Qu’il soit toujours amoureux d’elle ou pas ne semblait plus avoir d’importance à présent, il avait renoncé à tout lien avec elle. Il voulait même la ramener au plus vite d’où elle venait. « Tu te souviens ce que tu m’as dit avant que je parte il y a 16 ans ? Tu m’avais promis que tu serais toujours là pour moi et que tu ferais toujours tout ce qui était en ton pouvoir pour que je sois heureuse. Tu as toujours honoré tes promesses auparavant et je suis certaine que tu es resté un homme de paroles.»
Sur ces mots et ces souvenirs, Alyana se détacha de la main de Garret et s’arrêta net. Elle ne voulait plus avancer, elle ne voulait pas quitter le bayou, aussi glauque que ce lieu était, elle voulait obtenir des réponses honnêtes à ses questions. « Arrête-toi et réponds moi sincèrement s’il te plaît. »
Il fallait qu’elle sache : « M’aimes-tu toujours ou es-tu passé à autre chose ? »
Aly ne comprenait vraiment pas comment on pouvait se plaire au bayou. Encore moins le Garret qu’elle connaissait et qui aimait son confort. Pourtant, elle entendait dans sa voix qu’il y était heureux. Avait-il vraiment autant changé ? Au moins, il lui avait dit qu’il vivait seul. Il n’avait donc trouvé personne pour la remplacer. Quelle maigre consolation.
Elle n’avait jamais su mentir en général, mais avec Garret, c’était encore pire. Elle ne pouvait rien lui cacher, il la connaissait trop bien. C’était toujours le cas apparemment.
L’oublier ? C’était tout simplement impossible et il devait le savoir. Alyana soupira « Tu sais tout autant que moi que je ne saurais pas t’oublier. Et honnêtement, tu peux prétendre ce que tu veux, je suis certaine que tu n’y arriverais pas toi non plus. Pourtant, on est vraiment dans une impasse. Je vais épouser Liam alors que tu occupes toutes mes pensées, et ma place est dans la société. Toi d’un autre côté, tu t’es résigné à notre mariage, même si au fond de toi, tu dois toujours tenir à moi, mais tu vis…ici. Depuis combien de temps n’es-tu pas retourné en ville ? » Elle avait bien pensé tout faire pour persuader Garret de se réinstaller en ville mais ce n’était pas une solution. Elle savait que quoi qu’il arrive, elle devrait épouser Liam. Ne fut-ce que pour son oncle. Elle ne pouvait pas le trahir comme ça. La famille était plus importante que tout et elle devait bien ça à Adam. Cependant, Alyana se dit que si elle arrivait à ce que Garret se rende de temps en temps, très occasionnellement en ville, ce serait déjà une première victoire. Elle voulait l’aider à se réinsérer dans la société petit à petit pour qu’il retrouve son statut et qu’elle puisse enfin vivre son rêve. Oui, son plan tenait la route. Légers soucis : cela prendrait longtemps et Garret allait formellement s’y opposer. Comment faire ? Elle y réfléchirait plus tard. En attendant, Alyana voulait quand même trouver une solution à court terme pour continuer à voir Garret régulièrement. Maintenant qu’elle l’avait retrouvé, elle ne voulait plus le perdre. C’était hors de question, elle serait bien trop malheureuse. Perdue dans ses pensées, Alyana ne s’était pas rendu compte que Garret s’était remis à marcher en direction de la sortie du bayou, du moins c’est ce qu’elle supposait. Elle courut pour le rejoindre afin de ne pas rester seule dans cet endroit inquiétant. Mauvaise idée : elle ne connaissait pas du tout le terrain et finit par trébucher sur une branche d’arbre qu’elle n’avait pas vue. Aly voulut se relever pour continuer mais se sentit défaillir sous son poids. Elle poussa un cri de douleur. Elle devait s’être foulé la cheville. Comme si la situation n’était déjà pas assez dramatique comme ça… Finalement, elle allait peut-être rester au bayou plus longtemps que prévu…

Il ne se rendait pas compte que rien que sa présence rendait Alyana heureuse. Elle ne demandait pas beaucoup plus. Il était vrai qu’elle serait incapable de vivre au bayou. D’abord pour son confort, et puis surtout parce qu’elle était bien trop préoccupée à s’assurer de ne blesser personne. Elle avait toujours tout fait pour les autres et voilà où ça la menait aujourd’hui. Pourtant, elle ne saurait pas changer. Ce n’était pas qu’elle s’inquiétait de ce que les autres pouvaient penser d’elle, loin de là, c’était l’idée de blesser les autres qu’elle ne supportait pas. Et si cela signifiait qu’elle devait elle-même souffrir, ainsi soit-il. Elle avait toujours été trop douce, trop gentille et trop sensible pour vivre dans cette société où l’égoïsme et les faux-semblants primaient. Il lui fallait quelqu’un pour la protéger. Et elle avait toujours pensé que cette personne serait Garret. Qu’envers et contre tout, il la défendrait de ce monde. « Tu sais quoi ? Tu as raison. Au fond, peu importe si tu m’aimes toujours ou pas. Je suppose que Liam finira par me rendre heureuse.» Alyana reconnaissait que ce n’était pas la meilleure stratégie, mais elle s’était dit que peut-être que si elle rendait Garret jaloux, il lui ferait enfin part de ses sentiments. Sauf qu’elle n’avait à nouveau pas réfléchi… C’était sans compter sur le fait que Garret allait encore entendre qu’elle n’était pas sincère. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus l’habitude que quelqu’un détecte aussi facilement ses mensonges.
Ainsi il était allé en ville la nuit dernière, Alyana se demandait bien pourquoi « Comment ça se fait que tu es retourné en ville ? J’avais pourtant entendu dire que tu n’y allais plus jamais. »
Aly était soulagée que Garret soit inquiet après sa chute et elle sourit en lui répondant avec humour « Disons que cela me fait plaisir de voir que mon prince est toujours prêt à courir à mon secours… »
Son sourire se transforma rapidement en grimace de douleur lorsqu’elle se releva, aidée par Garret. Pas cassé, d’accord, la douleur était quand même vraiment insupportable. « Et c’est loin, chez toi ? » Aly se voyait mal marcher plusieurs centaines de mètres dans son état. Elle n’avait de toute façon pas le choix et c’était moins loin que la sortie du bayou. Si elle était sortie accompagnée par quelques esclaves, comme elle avait l’habitude de le faire, elle ne serait pas dans cette situation. Mais elle avait bien sûr décidé de sortir seule, elle ne voulait pas que quelqu’un voit qu’elle se rendait au bayou, cela pourrait nuire à la réputation d’Adam et de Liam et ce n'était pas ce qu'elle voulait. Alyana finit quand même par se demander ce qui se passerait si quelqu’un les voyait tous les deux, Garret et elle, seuls dans la forêt à une heure aussi matinale, comme s’ils voulaient se cacher. La jeune femme éclata de rire à cette pensée en s’imaginant que les rumeurs seraient probablement pires les unes que les autres. Garret allait se demander pourquoi elle riait comme ça sans raison alors que la situation était plutôt dramatique. Elle reprit à moitié son sérieux lorsque Garret lui demanda où elle dormait « Pourquoi ? Tu veux savoir où tu peux passer me dire bonjour ? Toujours chez Adam la plupart du temps, mais plus pour longtemps. Et ne l’appelle pas comme ça, je t’en prie. J’ai cru comprendre qu’il était plutôt craint au sein de la population, mais je ne savais pas que c’était à ce point-là. Peux-tu m’en dire plus ? Je me doute bien que vous ne devez plus vous entendre très bien tous les deux… »

Garret ne réagit même pas lorsqu’Alyana lui parla de sa relation avec Liam. Qu’est-ce qu’il pouvait être têtu. Aly fut étonnée d’entendre qu’il retournait parfois en ville. Elle pensait qu’il n’y mettait plus jamais les pieds. Ils pourraient peut-être se croiser alors. Par contre, elle n’aimait vraiment pas ce qu’il allait y faire. « Boire un coup et autres choses » murmura-t-elle d’un air désapprobateur. Elle se rendit ensuite compte qu’elle avait parlé tout haut. De toute façon, il se doutait bien qu’elle n’allait pas être enchantée par ses propos.
Garret la guida jusqu’à chez lui, où plutôt jusqu’à une minuscule cabane rustique. Alyana se demandait comment il avait pu passer de son magnifique château digne des plus beaux contes de fée à… cette petite cabane en bois où il n’y avait que le strict minimum.
Aly fut très étonnée des mots employés par Garret pour décrire Adam. Mais elle n’avait pas envie de parler de lui, et surtout pas en ces termes. Elle ne supportait pas qu’on critique son oncle alors elle se dit qu’il était préférable de changer de sujet. En plus, c’était elle qui avait posé la question, Garret n’en pouvait rien.
Aly n’avait pas pensé qu’elle ne pourrait pas rentrer chez elle. C’était vraiment si grave que ça ? D’après sa douleur, oui. « Attends, tu veux dire que soit je dois patienter ici que ça aille mieux, soit tu dois me ramener jusqu’à un carrosse en ville ? Tu as raison, c’est une situation plutôt compliquée. » Elle éclata de rire tellement tout ceci était grotesque. Pourquoi fallait-il que cette petite promenade innocente se transforme en situation impossible ? Oui c’était vrai, elle avait le don de toujours se retrouver dans les pires situations. « Et si je passais la journée et puis la nuit ici ? J’aurai probablement moins mal demain matin. Je te promets que j’essayerai de rester sage.» fit-elle avec un petit sourire malicieux. Cependant, le sérieux reprit le dessus parce qu’Alyana savait qu’il allait bien falloir retourner en ville et qu’elle ne saurait pas le faire sans l’aide de Garret. Mais si elle arrivait en ville avec Garret, elle savait aussi que les rumeurs seraient lancées… et que cela porterait préjudice à Adam. Or, il semblait déjà avoir assez terni sa réputation comme ça. Elle était à peine rentrée qu’elle commençait déjà à regretter son retour. Au moins, où elle était, elle ne se tracassait pas des conséquences de ses actes. Alyana laissa Garret lui masser la cheville tout en se plongeant dans ses pensées. Elle sentait qu’il y avait toujours une certaine alchimie entre eux deux mais Garret semblait vraiment vouloir ignorer la complicité. « Mais dis-moi, tu n’as pas rencontré ton âme sœur depuis que je suis partie ? Ton talent de guérisseur a dû en fait craquer plus d’une… » Au fond, elle était jalouse et l’humour était un moyen de lui faire sentir. Il était chasse gardée. Elle savait d’ailleurs que la réponse la ferait souffrir, si du moins Garret décidait de répondre avec honnêteté.

Cela n’étonna pas vraiment Alyana que Garret ne réagisse pas quant à la remarque sur son frère. Par contre, qu’il lui propose le divan, c’était autre chose. « Tu as aussi perdu tes bonnes manières apparemment ? Avant, tu aurais dormi dans le divan et tu m’aurais laissé ton lit ! ». Aly rigolait mais elle était quand même vexée qu’il ne lui accorde pas plus d’attention et qu’il ait balayé sa demande comme ça, même si à la base, c’était une blague. Et puis, les paroles de Garret sur son monde lui faisaient mal. D’une part parce qu’il avait raison, comme toujours, même si elle ne voulait pas le reconnaître. Et d’autre part, car il décrivait son monde avec dégoût, et Aly comprit qu’il était vraiment passé à autre chose. Enfin oui et non parce qu’elle ne voulait quand même pas l’admettre. De toute façon, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi il faisait comme s’ils vivaient vraiment dans deux mondes complètement différents. Il y avait des gentils et des méchants partout, non ? « Tu as une idée de comment faire pour que je puisse revenir en ville dans mon état, et sans que Liam ou Adam ne le remarque ? Parce que franchement, je ne vois pas vraiment comment ça va être possible. Et pourtant, il va bien falloir trouver une solution… » Ou alors, ce n’était peut-être pas si grave que ça. Elle voulut se lever pour prouver qu’elle pourrait se rendre en ville toute seule mais se rassit directement en essayant tant bien que mal de ne pas montrer à Garret qu’elle avait vraiment très mal. Bon… bref, les options n’étaient pas très nombreuses : soit Garret la ramenait jusqu’à un carrosse en ville, et du coup, tout le monde saurait qu’ils se sont vus. Soit…elle se traînait jusqu’en ville. Mais bon c’était loin d’être une solution envisageable et les gens chercheraient quand même à savoir ce qu’elle faisait au bayou. Un véritable casse-tête cette histoire. En plus, les réactions de Garret ne la réconfortait même pas dans son malheur.
Tout d’un coup, Aly avait froid. « Tu ne veux pas fermer la fenêtre ? Je vois que tu n’as pas perdu cette habitude de toujours vouloir être à l’air frais. Et oui, un verre d’eau me ferait le plus grand bien je pense. Même si j’aurais bien besoin de quelque chose de plus fort. » La dernière phrase de Garret lui fit plus de peine que de bien. Il ne comprenait vraiment rien ou il le faisait exprès ? Ca ne la rassurait absolument pas de savoir qu’il ne lui en voulait pas d’épouser son frère. « Tu te fiches de moi, Garret ? Tu penses vraiment que ça me rassure de savoir que tu ne m’en veux pas d’épouser Liam ? Oui, je suis contente que tu ne m’en veuilles pas, même si je ne suis pas sûre que tu es vraiment sincère sur ce point. Mais je préférerais mille fois que cela t’affecte. J’ai vraiment l’impression que tout ce qu’on a vécu n’a plus aucune importance pour toi. Finalement, c’est un peu comme si aucun de nos souvenirs n’avaient d’importance, comme si je pouvais tout effacer… » Sa remarque avait plus mis Alyana en colère qu’elle ne l’avait rendue triste. Il pouvait bien critiquer ce monde injuste où elle vivait et faire ses jugements de valeur, mais il n’était pas mieux, lui sur ce coup là!

C’est vrai qu’Alyana aurait dû rester en ville, elle le savait. Mais elle avait suivi son cœur. Et puis de toute façon, elle n’était pas censée tomber sur lui. Donc c’était le destin. Ils devaient se retrouver. C’est en tout cas ce dont Aly était persuadée. « La raison de ma promenade au bayou est pourtant simple. Tu dois bien t’en douter d’ailleurs. Je voulais juste voir où tu vivais. Mais on n’était pas censés se croiser. Et je n’étais pas censée me faire une entorse non plus. Par contre, tu sais bien que j’ai toujours valorisé la citation de Shakespeare : ‘ce sont les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence’ ». Oui, Aly avait toujours été persuadée que tout était écrit. En ce compris leur relation. On lui avait souvent reproché d’être une douce rêveuse, mais elle n’écoutait pas les autres. Elle seule connaissait son parcours, elle-seule connaissait ses objectifs. Et malgré la perte prématurée de ses parents, elle restait convaincue que tout arrivait pour une raison. C’est une des raisons pour lesquelles elle essayait de ne jamais perdre sa bonne humeur et d’accepter toutes les situations aussi positivement qu’elle le pouvait. Enfin, c’était sans compter sur Garret. « Je viens de revenir en ville et je ne sais plus très bien à qui je peux faire confiance ou pas. Et puis tu sais bien qu’à la fois, j’ai envie de faire confiance à tout le monde car je suis persuadée que tout le monde a du bon en lui, et à la fois, j’ai du mal à réellement donner ma confiance. Oui, je suis compliquée, mais ça aussi tu le sais. Ca ne s’est pas arrangé, comme tu peux voir ». Elle sourit tristement. Aly avait toujours été douce et naïve. Faire passer le bonheur des autres avant le sien la faisait parfois souffrir, mais elle ne pouvait s’en empêcher. D’ailleurs, elle s’étonnait elle-même de s’emporter autant sur Garret. Il n’y a à peu près que sur lui qu’elle le faisait. Mais d’habitude jamais autant. Pourtant, cette fois,  il l’avait vraiment blessée. C’était comme s’il brisait ses rêves et qu’il la ramenait à la réalité. « Et oui, j’ai fini de m’emporter mais j’aimerais juste que tu comprennes que… » Alyana fut coupée dans son élan en sentant la main de Garret remonter le long de son corps. Elle se tut et retint son souffle. C’était sûrement ce qu’il cherchait par son geste : qu’elle se taise. C’était efficace, elle ne pouvait pas dire le contraire. Pourtant, au contact physique de Garret, l’esprit d’Alyana ne cessait de tourner. Elle ne pouvait s’empêcher de penser au fait qu’elle était fiancée. Liam n’avait rien demandé, et elle ne voulait pas le tromper. Mais la tentation était trop forte, elle chassa rapidement Liam de ses pensées. Quand elle était avec lui, elle pensait à Garret et voilà que maintenant qu’elle était avec Garret, elle arrivait à penser à son frère. Non, tant pis, elle attendait ce moment depuis trop longtemps et rien ne pourrait le gâcher. Alyana ne voulait pas parler, elle ne voulait pas interrompre celui qu’elle aimait. C’était la première fois de la journée qu’il lui montrait son affection. Finalement, Aly regretta de lui avoir demandé de fermer la fenêtre. Elle avait chaud tout d’un coup. Elle finit tout de même par réagir à la dernière phrase de Garret en lui répondant doucement : « Mon bonheur, c’est d’être avec toi », avant de poser ses lèvres sur celles de Garret et de murmurer « Tu m’as tellement manqué ».

Non, ils étaient faits pour être ensemble, un point c’est tout. Aly avait toujours été têtue, c’était clair. Lui avait toujours eu ce côté pessimiste dont il faisait preuve depuis ce matin. Mais jamais à un tel point. Il fallait qu’elle y remédie. Elle savait qu’elle en était capable. Elle avait toujours réussi à obtenir tout ce qu’elle voulait de lui. L’amour était suffisant.
Au fond d’elle-même, Alyana était quand même étonnée de sentir que Garret lui rendit son baiser et cela ne fit qu’encourager la jeune femme. Mais d’abord, elle ferma les yeux puis les rouvrit pour s’assurer qu’elle n’était pas en train de rêver. Elle posa ses mais sur le torse musclé de Garret tout en continuant à l’embrasser. Elle sentit qu’il avait des cicatrices et passait ses doigts dessus, comme pour en tracer le contour avant de prendre sa main blessée dans la sienne et d’embrasser doucement ses blessures du bout des lèvres, comme si cela pouvait le soulager. Garret libéra ensuite sa main et Aly sentit qu’il détachait sa robe. Elle caressa alors son visage tout en reposant ses lèvres sur les siennes. Il avait détaché sa robe tellement facilement, qu’elle pensa qu’il avait probablement déjà dû déjà le faire de nombreuses fois avec d’autres femmes auparavant. Garret recula et interrompit sa sombre pensée parce que tout d’un coup, il s’était arrêté, comme s’il avait peur d’aller trop loin et cela fit sourire Alyana « Tu ne veux pas me quoi ? » lui dit-elle ironiquement avec un grand sourire tout en se moquant gentiment de lui. Cela faisait plusieurs heures qu’il avait l’air d’être tout à fait indifférent à sa présence et puis tout d’un coup, il jouait au chevalier au cœur tendre. Il ne manquait plus que ça. Elle était persuadée qu’il ne s’arrêtait pas par respect pour son demi-frère, leur rivalité était trop forte et il se fichait bien de Liam. Pour Aly, par contre, c’était autre chose. Liam, ou quelqu’un d’autre, elle n’était pas du genre à tromper. Elle n’était pas du genre à blesser. D’un autre côté, ils étaient déjà aller beaucoup trop loin, et donc un peu plus ne changerait pas grand-chose. C’est en tout cas comme ça qu’Alyana essayait de se convaincre elle-même.
Finalement, Aly comprit qu’il pensait probablement qu’elle était toujours vierge et qu’il n’avait pas envie de lui mettre la pression. C’était tout en son honneur. Cependant, c’était peut-être avec lui qu’elle avait vécu le plus grand nombre de ses premières fois, mais, bien qu’elle le regrettait, elle ne lui avait pas réservé celle-là. Ou plutôt, la vie avait fait en sorte que ça se passe autrement.
« Je n’ai plus 16 ans tu sais. » Les hommes n’étaient pas connus pour être subtiles mais elle espérait quand même que Garret comprendrait tout ce que cette phrase laissait entendre.
Oui, ils étaient déjà allés beaucoup trop loin, et Aly savait que ce n’était pas raisonnable. Mais ce n’était pas sa raison qui la guidait en cet instant. De toute façon, personne ne pourrait les voir ici, si? Donc personne n’en saurait rien et personne ne serait blessé. Au contraire, elle n’en serait que plus heureuse. Pour une fois, elle voulait faire quelque chose en pensant à elle, à son bonheur et sans penser aux conséquences de son acte. Elle avait tout simplement envie de Garret. Seul problème: sa foutue entorse qui l’empêchait de se déplacer. Ce n’est pas ça qui allait gâcher ce moment. Elle se leva sur un pied, s’appuya sur lui et lança en riant « Finalement, heureusement que tu n’habites plus dans un château et que ton lit n’est pas trop loin. » en guise d’invitation à continuer dans sa chambre.

Garret eut l’air de comprendre ce qu’elle voulait, et par la même occasion de vouloir la même chose. Si elle avait quelques derniers doutes,  ceux-ci s’envolèrent lorsque Garret la souleva. Elle se laissa faire et prit le temps de complètement chasser sa conscience de son esprit… puisque celle-ci semblait ne pas s’accorder avec les envies d’Alyana. Pourquoi est-ce que tout devait toujours être compliqué ? Et pourquoi est-ce qu’il était si difficile de faire taire sa conscience ? De toute façon, sa décision était prise et il était trop tard pour faire marche arrière. Et si elle n’était pas à la hauteur des attentes de Garret ?
Elle en avait assez de toutes ces pensées négatives, elle voulait juste profiter du moment présent, de Garret et du fait qu’il acceptait finalement de lui montrer qu’il tenait toujours à elle. Elle avait eu tellement de mal à obtenir tout signe d’amour, qu’elle n’allait pas l’arrêter, maintenant qu’elle obtenait ce qu’elle voulait. Pourquoi est-ce que le sexe marchait dans 9 cas sur 10 avec les hommes ?
Elle sortit finalement de ses pensées et profita des caresses du jeune homme. Elle répondit à ses baisers tout en détachant lentement le pantalon de Garret. Elle ne voulait pas l’interrompre, elle voulait tout simplement profiter. Ses gestes la firent grimacer de plaisir. Garret la connaissait trop bien, leur complicité ajoutait une touche de magie à cet instant. Il semblait vouloir faire les choses bien, prendre son temps. Comme s’il voulait se souvenir pour toujours de cet instant. Elle aurait bien voulu faire un mouvement pour maîtriser la situation et se trouver au-dessus de Garret, mais sa cheville ne lui permettrait pas. Il était donc plus sage qu’ils n’échangent pas leur position. Alors qu’ils avaient recommencé à s’embrasser passionnément, Aly se saisit du sexe de Garret dans sa main et joua avec. Non, en effet, froid, elle n’avait pas ! C’était plutôt le contraire maintenant. « Je sais qui appeler pour me réchauffer ». Elle rit. Ca faisait longtemps qu’elle n’avait plus été aussi heureuse, à vrai dire. Etait-elle trop insouciante ? Ce genre de situation inattendue ne lui ressemblait tellement pas. Si on lui avait dit que cette journée se déroulerait ainsi, elle ne l’aurait jamais cru.
Tout d’un coup, Aly entendit du bruit, et se sentit observée, elle sursauta et releva la tête et lança « C’était quoi ça ? », avant de se rendre compte qu’il s’agissait en fait du chien loup qui venait de se coucher à côté du lit. L’incarnation de sa conscience ? N’importe quoi ! Au point où ils en étaient, plus rien ne pourrait arrêter les deux amoureux de toute façon.

Aly sourit lorsque Garret lança son coussin sur le loup. Elle ne lui en avait pas demandé autant mais elle était contente de voir qu’il faisait d’elle une priorité. Cela faisait vraiment longtemps qu’Alyana ne s’était pas sentie aussi heureuse. Seul Garret pouvait lui faire ressentir ce sentiment noble qu’elle éprouvait en ce moment. Un mélange d’invincibilité, de tendresse et d’extase.
Finalement, elle cria le nom de l’élu de son cœur et s’effondra, épuisée mais aux anges tout en posant sa tête sur le torse de Garret. Elle resta silencieuse pendant quelques courtes minutes, mais ça ne dura pas longtemps. Ses pensées avaient recommencé tourner. Elle réfléchissait trop, ça avait toujours été comme ca. « Garret ? » dit-elle tout doucement. « Je n’ai pas envie de rentrer. Je n’ai pas envie que ce moment soit le dernier que nous partageons. Promets-moi que ce n’est pas fini, s’il te plaît. Je sais que c’est risqué, mais de toute façon, personne ne le saura. » Elle prit une petite voix douce, et joua la victime, pour qu’il ne sache pas lui dire non. En espérant que ça fonctionnerait. Honnêtement, après ce qu’ils venaient de partager, elle ne s’imaginait plus vivre sans lui. 16 ans, c’était assez long. C’était beaucoup trop long. Au début, lorsqu’elle était partie de la Nouvelle Orléans, elle ne se doutait pas qu’elle ne reviendrait que 16 longues années plus tard. Elle n’avait donc pas prit la peine d’envoyer de lettre à Garret car elle était sûre qu’ils se reverraient prochainement. Finalement, les mois étaient passés et puis les années, sans qu’elle n’ose reprendre contact. En réalité, elle était persuadée qu’il avait rapidement trouvé quelqu’un pour la remplacer et elle n’était pas prête à l’accepter. Et puis elle avait reçu la fameuse lettre d’Adam qui avait encore plus tout perturbé. Toujours était-il qu’Alyana avait pensé à Garret chaque seconde de sa vie et qu’elle n’avait jamais renoncé. Pourtant, après la mort de ses parents, Aly s’était promis de ne plus jamais s’attacher à quelqu’un. Mais Garret avait changé la donne. Lui et Adam étaient les exceptions qui confirment la règle. « Je sais que je suis égoïste mais te savoir avec une autre me fait mal, et même si nous n’aurons probablement jamais la vie que nous méritions tous les deux, je ne pense pas que les sentiments que nous éprouvons l’un pour l’autre ont changé. Tu peux te voiler la face tant que tu veux, je suis persuadée que toi aussi tu m’aimes toujours. Alors pour une fois, oublions les autres et vivons pour nous, le temps de quelques moments de bonheur. » Elle ne pouvait pas prétendre que rien ne s’était passé. Ils ne pouvaient pas revenir en arrière. Elle ne pouvait pas vivre sans lui.