il était une fois
Allongée dans l’ombre de ma chambre j’écoute les bruits nocturnes des animaux. Malgré le fait que je n’essaie pas de penser au passé, d’effacer chaque trace de lui dans mon esprit… il ne faut qu’un claquement de porte pour que je sursaute et attrape craintivement le drap qui entoure mon corps. Est-ce qu’un jour la peur finira par s’effacer ? Ou suis-je damnée à ressentir ses sentiments le restant de ma vie ? Je l’ignore…. Je soupire alors que mon cœur reprend doucement un rythme plus calme. Je savais parfaitement pourtant qu’il ne pourrait jamais plus me faire du mal, qu’il ne pourrait plus jamais lever la main sur moi… je m’en étais bien assurée… pourtant la peur s’était glissé en moi telle un microbe sous la peau dont on ignore comment s’en débarrasser. J’espère qu’en fuyant cette ville, ce pays… mon pays natale… peut-être en changeant d’univers, en partant vers l’Amérique… loin des langues soupçonneuses … oui peut-être en quittant le pays de pluie… je finirais par trouver la paix ? Quoi qu’il en soit après la mort de mon époux, je ne pouvais plus rester ici. Des mauvaises langues commençaient à m’accuser, et je ne voulais pas prendre le risque de tout perdre. Alors j’ai pris la plume dans ma main et j’ai écrit mon cousin, lui suppliant son aide.

Cela faisait bien des années que je n’avais plus vu mon très cher cousin, depuis qu’il avait quitté l’Angleterre pour l’Amérique. Mais nous nous écrivions régulièrement et j’étais très heureuse de recevoir des bonnes nouvelles de sa part. Peu de temps après je finis par partir pour l’Amérique. J’ignorais ce qui m’y attendais. Est-ce que les gens étaient différents ? Les coutumes ? La mode ? La musique ? Plein de questions, mais pas assez de temps pour les poser à mon cousin. Alors c’était le cœur serré que je parcourais la moitié de la planète pour le rejoindre. J’étais consciente de mon statut de veuve et de la richesse que j’amenais avec moi. Et puis j’étais de sang aristocrate. J’avais une très bonne éducation et je n’étais pas stupide. Je savais qu’il me fallait un mari. J’amenais pas mal d’argent et j’étais encore jeune et on me disait belle. Alors je ne doutais pas qu’un mari viendrait se présenter à moi. Pourtant j’avais déjà pris les devants. J’avais demandé à mon cousin de m’arranger un mariage. Quelqu’un d’élégant avec un bon statut dans la société et avec d’argent et de pouvoir. Cela faisait bien longtemps que mes rêves de jeune fille sur l’amour parfait s’étaient envolés. Je n’y croyais plus. La seule chose à laquelle je prêtais attention c’était d’avoir une bonne situation financière. Et je ne voulais pas me faire courtiser pendant des mois et de mois. Je ne prenais aucun plaisir… ou plutôt depuis mon mariage, j’avais perdu goût à toutes les attentions qu’un homme pouvait porter à une femme. Ce n’était que des mensonges pour l’entraîner dans sa chute. Alors non, qu’il arrange un mariage et passons donc l’étape ou on se promet des mensonges. Cela peut vous paraître cruelle, mais lorsqu’on se marie à 16 ans. Et qu’on est remplit d’espoir, qu’on pense épouser le prince charmant qui vous a promis terre et ciel. Mais qu’une fois la bague au doigt se transforme en monstre cruel et dominant… oh croyez-moi lorsque cela vous arrive, vous ne voyez plus les fiançailles de la même manière. J’étais à peine partit de Londres lorsque mon cousin m’envoyait une lettre me confirmant mon futur mariage avec un homme riche et très importante à New Orléans. Bien.

Bien que j’avais pris cette décision par moi-même, mon cœur craignait mon destin. Et si jamais je me retrouvais à nouveau bloquer dans un mariage pire que l’ancien ? Mais mon cerveau répondit froidement que dans le pire des cas, je pourrais recommencer…. Mélanger des petites doses d’herbes poissonneuses dans sa boisson… jusqu’à ce que le cœur lâche. J’étais consciente de l’acte grave que j’avais commit, mais quand la douleur est trop haute et que le désespoir vous empoissonne l’esprit… Ah et puis je refuse de penser encore à tout cas. Bientôt le bateau va arriver, et une nouvelle vie m’attend. Je dois être positive, laisser mes démons derrière moi et sourire. Sourire car peut-être que j’ai enfin droit à une vie heureuse…. En tout cas, il faut que je m’oblige à y croire.